Les congrès du PCF

Les communistes se battent pour qu’apparaisse un jour une société juste, égalitaire, fraternelle et surtout totalement dégagée du joug de l’argent. Encore faut-il qu’ils apprécient, par une analyse claire, les contraintes qui pèsent sur la société des hommes et son évolution dans le futur tout en prenant acte que la société des hommes vit depuis une cinquantaine d’années une évolution étonnante, majeure, en accélération permanente, sous la poussée des sciences et des technologies. Deux problèmes essentiels se posent en questionnements sur le futur de la société des hommes : la logique de la Pioche dans un contexte de démographie galopante et le réchauffement climatique. Les questions énergétiques sur lesquelles le Parti s’est fortement focalisé, pour aussi importantes qu’elles soient, restent cependant secondes devant des solutions potentielles.

1.- L’apport des hommes de la science.

L’informationnel a fait irruption dans l’histoire de l’humanité, irruption qui a autant d’importance que l’invention de Gutenberg, en gommant sérieusement temps et distances. Ce sont toutes deux des révolutions essentielles, majeures, qui ont conditionné et qui conditionnent l’histoire de l’humanité avec l’explosion des connaissances, leurs mutualisations dans les dialogues et enrichissement mutuels entre acteurs de quêtes, accompagnant aujourd’hui une panacée d’orientations vers l’infiniment petit et le très très grand avec en point d’orgue, qui ne sera pas le seul, la création par l’américain Craig Venter d’une bactérie vivante bien connue à partir de 4 produits chimiques, donc création artificielle de la vie. La biologie de synthèse met aujourd’hui à la portée de tous le vieux rêve des docteurs Faust en créant des cellules dotées d’un ADN capables de se reproduire tout en nous posant une interrogation, en parallèle, la vie numérisée ? Brevetable ? Les développements de la robotique et en particulier celui de la nanorobotique ouvrent des fenêtres sur de multiples voies entrevues.

Cet extraordinaire foisonnement d’apports que les scientifiques nous présentent soulève nombre de questions qui finalement demanderont des arbitrages. Les politiques, le peuples sont directement concernés par la nécessité de choix qui conditionnent l’avenir : le bois pour le chauffage ou précurseur des hydrocarbures de demain, bruler du bois ou faire du papier ou faire des médicaments…….. Bref arbitrer entre les usages potentiels et vérifier leur réelle efficacité dans une logique d’appropriation par tous mais avec un énorme bémol qu’un tel futur se télescope à la LOGIQUE DE LA PIOCHE.

2.- La logique de la pioche.

Dame Terre est un tout fermé, bien fini, donc à limites. Toutes les ponctions effectuées dans ses richesses ne peuvent, à terme, qu’aboutir à un véritable désastre. Les données fournies par les autorités officielles ne peuvent qu’être sources d’inquiétudes. Les récentes statistiques traduisent, au rythme actuel des ponctions un épuisement rapide des réserves prouvées. Le fer offre aujourd’hui 79 années de réserve, le Nickel 40 années, le cuivre 31 années, le Plomb, 22 années, le Zinc 17 années, le Palladium indispensable pour les pots catalytiques 15 années, Cobalt, bauxite, Or, Argent, Platine alors qu’en fait seuls les hydrocarbures ont retenu l’attention et justifié de nouvelles quêtes.

Il est évident que toutes les statistiques sont établies à partir de réserves prouvées qui ne sont qu’une fraction des ressources ultimes de Dame Terre . Ces statistiques sont donc à réévaluer à la hausse en fonction de nouvelles étapes d’exploitation et d’exploration minières.

La Commission Européenne s’en est d’ailleurs préoccupée en demandant à son Centre Commun de Recherche (CCR) de déceler les prévisibles goulots d’étranglement dans l’approvisionnement des 14 matériaux qu’elle a définis comme stratégiques tout en retravaillant les règles régissant les sites naturels européens du réseau Natura 2000 sur lesquels pourront être développées des activités extractives, en un premier revirement sous la pression des faits.

Le département américain de l’énergie s’en est préoccupé en mettant au point une stratégie pour les 16 matériaux qu’il a jugés stratégiques. La Chine en a fait de même en limitant les exportations de matériaux indispensables pour les panneaux solaires, les aimants dont ceux des éoliennes ou pour les barres de contrôle pour centrales nucléaires : gallium, tellure, indium dysprosium, néodyme d’où de prévisibles pressions sur les prix

La pénurie commence à se manifester dans de nombreux secteurs et se traduit par une explosion déjà amorcée des prix. Ainsi le Néodyme, nécessaire pour l’éolien, les pipelines, la voiture électrique… coûtait, en 2010, 130 euros le kg soit 20 fois plus qu’en 2003. La cotation du Cuivre est passée en 2 ans (janvier 2002 -2004) de 19$ à 135$ le kg…..Ces hausses inéluctables des cours permettent aux industriels concernés de s’orienter vers des gisements moins riches ou bien plus difficilement accessibles et, pour le proche futur, sans réelle pénurie mais au prix de cours bien plus élevés des marchandises et produits manufacturés.

Nous sommes ainsi entrés dans une ère de matières premières minérales durablement chères entraînant de notables fractures entre ceux qui pourront payer et ceux qui ne le pourront pas, mais surtout entre les peuples qui auront sous leurs pieds et ceux qui n’ont pas, donc avec des risques majeurs de conflits. La paix universelle durable n’est probablement pas pour demain.

Cette logique, la LOGIQUE DE LA PIOCHE, et ses conséquences économiques, va conduire à une situation nouvelle, totalement différente de la logique des industriels qui exige un renouvellement rapide à grands coups de développements très mineurs et un parti pris de design. Tout conduit d’ailleurs à repenser le rôle et les acteurs du recyclage et l’implication de nouvelles garanties de longévité.

Il y a une réelle urgence pour la réflexion devant l’explosion démographique que connaît Dame Terre, notamment sous les coups de buttoir de milliards de terriens avides, en toute logique, d’un mieux vivre et dont la quête ne peut qu’amplifier les problèmes de la pioche et précipiter les échéances. Les délocalisations industrielles jouent en la matière un rôle essentiel en faisant bénéficier ces peuples d’une approche nouvelle pour eux des systèmes industriels tout en entraînant une tension aggravée sur les ressources, peu anticipée par ces mêmes industriels. Les délocalisations, tant décriées par leurs aspects négatifs sur le salariat dans nos pays autres, ont créé les bases pour l’émergence de mouvements et d’organisations nouvelles dans ces pays, en renforçant les consciences de classe tout en aidant dans la quête d’un mieux vivre. Il importe aux communistes de réfléchir sur cet aspect nouveau dans leur affirmation d’internationalisme.

La préhension raisonnée de tous ces aspects conduit au constat que nous détenons les connaissances et les outils pour réaliser des machines durables, comme par exemple dans l’électroménager, donc dans une logique de non renouvellement rapide des matériels et produits manufacturés donc dans une autre logique industrielle articulée sur un vrai durable des produits et sur ses implications en matière de recyclage. Finalement l’inéluctable pénurie engagera vraisemblablement la société des hommes vers un autre mode de vie dans le cadre du bien-être et de du bien-vivre sans contraintes individuelles, donc dans une logique qui ne peut être que celle d’une consommation autre mais dans de nouveaux rapports sociétaux. A nous de réfléchir sur ce futur et de parler en fonction de ce que nous voyons pour demain.

Ceci dit, les industriels sont inéluctablement appelés à faire leur révolution culturelle, ce qui pose à nouveau la question majeure : Quid des hommes devant un univers de sous-emploi largement induit par la robotique alors que parallèlement les avancées scientifiques et techniques ont conduit à une refonte majeure du travail et une importante mutation du travail œuvré en travail sociétal. La également à nous d’y réfléchir.

Mais cette logique de la pioche s’accompagne de contraintes majeures auxquelles nous allons être confrontés : le réchauffement climatique, toutes les autres questions majeures étant à décliner à partir de ces données : énergie, santé, …..

3.- Le réchauffement climatique.

L’aggravation du réchauffement climatique se traduit dès maintenant au niveau de la banquise arctique par une fonte augmentée de 25 à 30 jours au cours des 10 dernières années. La Libye, au début de l’ère chrétienne, était une grande savane et non le désert actuel. Aujourd’hui l’Espagne se transforme en une vaste savane aussi ses différents gouvernements successifs ont-ils entrepris une vaste campagne de dessalement de l’eau de mer en dotant le capital d’une soixantaine d’unités particulièrement dévoreuses d’énergie, fait aggravant, uniquement en hydrocarbures.

Notre pays était jusqu’à présent et fort heureusement protégé par la barrière pyrénéenne mais d’ores et déjà apparaissent des problèmes liés à une aggravation surtout au cours de la dernière décennie que traduit la rapidité de la fonte de ses glaciers dont la surface a été réduite de plus de moitié entre 1990 et 2007. Notre pays est donc loin d’être à l’abri du réchauffement climatique. Ainsi la prévisible montée des eaux océaniques risque de poser nombre de problèmes aux habitants côtiers, tels les vendéens, cependant que notre pays devra faire face au submergement des voies de communication et ferroviaires en Pyrénées-Orientales (par exemple près des eaux de l’étang de Thau et de la mer), alors que ce département et ses voisins constituent la seule artère sérieuse de communication entre l’est espagnol, dont l’industrielle et agricole Catalogne, et l’Europe. Notre sud-est risque donc de n’être guère épargné malgré l’apport prévisible des eaux du Rhône aussi est-il vraisemblable qu’un jour nous nous trouvions à notre tour dans l’obligation de recourir au dessalement de l’eau de mer.

Ce réchauffement ne peut que conduire à des vagues d’exodes de population vers le nord, l’hémisphère sud étant essentiellement marin. C’est donc une nouvelle répartition de la population qui risque d’y amplifier les problèmes sociétaux. Se pose alors la question qui interpelle sur l’aide à apporter à ces populations en leur permettant ainsi de rester sur place.

Il est certain maintenant que demain les deux grands greniers du monde seront la Sibérie et le Canada. La transformation de ces deux quasi-continents en greniers va immanquablement se traduire par des appels majeurs en énergie et en infrastructures tout en engendrant de nouvelles contraintes économiques. Le réel risque à craindre en l’occurrence serait que dans le système ainsi créé les gouvernants de ces deux pays procèdent à des choix discriminés entre destinataires, en fonction des coûts ou des aléas politiques.

Communisme.

Finalement les approches que nous pouvons entrevoir devant les contraintes qui se dessinent devant nous communistes nous interpellent et nous conduisent à nous interroger sur la vision que nous pourrions avoir sur la société des hommes, d’hommes nouveaux. Nous ne pouvons échapper à cette quête qui soulève de nouvelles questions notamment dans les rapports entre syndicalisme et préhension politique des demain, donc du PCF.

La seule réponse logique aux grands défis de demain réside dans un réel internationalisme, dans une gestion de Dame Terre, d’une gestion de ses richesses par les peuples, d’une gestion des contraintes nées d’une démographie galopante dans une gestion de productions raisonnées et réparties équitablement non par les nations (ONU), mais par les peuples unis et fraternels.

Wladimir Bronès – section du V° de Paris. Wladimir.brones@numericable.fr