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36e congrès - Le texte - Il est grand temps de rallumer les étoiles

Les statuts du PCF adoptés au 36e congrès

Discours de clôture par Pierre Laurent

Journal CommunisteS n°507 - Spécial 36e congrès - 13 février 2013

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Pour une économie du citoyen par Grégoire Munk

La crise financière actuelle nous oblige à repenser l’approche économique sur d’autres bases. L’argent prend une place exorbitante dans le raisonnement de nos décideurs. Pourtant cette chose est avant tout symbolique. Elle incarne la croyance que nous avons dans des « lois économiques ». Aujourd’hui la question de la dette financière est devenue si énorme ; les créations de monnaies sont si gigantesques que les pays les plus riches traversent des crises sociales auxquelles personnes ne peut prévoir leur évolutions.

Il y a urgence, face à un processus financière qui ressemble à une réaction nucléaire non maitrisée, de développer des raisonnements économiques accessibles à tous et qui permettent aux citoyens d’intervenir sur les vrais questions : Comment les besoins fondamentaux sont résolus et comment le travail de chacun est reconnu. Il faut avancer des pistes d’une économie qui dépasse de la notion d’argent. Ceux qui prétendent que l’abandon de la société marchande serait forcément le retour au troc manquent d’imagination.

D’autres économies existent. Elles s’appuient sur l’analyse des conditions concrètes de production, d’attribution et d’utilisation des biens et des services indispensables à des milliards d’êtres humaines. Ces autres économies reposent sur le principe que la notion de richesse recouvre bien d’autres aspects que le seul aspect symbolique monétaire. Ce changement de pensé est très importante car elle permet non seulement de sortir de la spirale financière ; elle permet d’ouvrir des perspectives de réelles coopérations.

Les besoins humains sont satisfaits par les valeurs d’usage matérielles ou immatérielles produites et non pas par les valeurs monétaires. Il n’est pas question de remplacer une croyance par une autre, un symbole par un autre. Il faut mettre en place des critères qui permettent à chacun de prendre conscience des processus à mettre en œuvre pour répondre aux besoins de tous. La société marchande impose des mécanismes et des dominations monétaires. Une société émancipatrice doit fournir les outils d’analyse à chacun

Sortir de la domination de l’argent ne consiste pas à brûler les billets et à déclarer que maintenant on s’en passera. C’est surtout considérer que la monnaie n’est qu’un élément non prédéterminant dans le raisonnement économique. Le fait que certaines valeurs d’usage ne s’obtiennent que par la médiation du « capital », qui en profite au passage, n’implique pas l’idée que ce soit le marchand qui donne naissance à la valeur d’usage; mieux, cela n’implique pas que la valeur non marchande soit quantitativement incluse dans la valeur monétaire marchande.

L’analyse économique citoyenne doit partir de l’analyse des besoins. Il serait inutile d’entreprendre une activité économique si elle ne devait pas répondre à un besoin. Il faut se concentrer sur ce qui développe la sérénité des êtres humains à savoir la sécurité de voir ses besoins résolus. C’est pour cela qu’il faut différencier deux types de besoins. Le besoin vital et le besoin social.

Il faut parallèlement et prioritairement développer des critères d’efficacité économique. L’utilisation de la notion de valeur d’usage doit être la mise en place d’une notion qui permet de quantifier, d’une façon non hiérarchique, la réponse aux besoins et la reconnaissance sociale du travail.

La valeur d’usage est souvent prise comme une variante de la valeur d’échange. Cette confusion vient de ce que l’essentiel des analyses ont été faites pour dénoncer la perversité de la valeur d’échange mais très peu d’analyses contemporaines ont été faites pour expliciter la notion de valeur d’usage.

Ces analyses sont pertinentes mais ne disent pas grand choses de ce qui peut devenir la valeur d’usage en dehors du système capitaliste. La valeur d’usage désigne l’utilité d’un bien évalué, parfois de manière objective et générale - par exemple, le nombre de calories fournies par telle nourriture -, mais le plus souvent, de manière subjective, et donc variable d’un individu à l’autre. La valeur d’usage est relative au besoin. Il est important de sortir de cette vision moraliste qui hiérarchise, la quantification des besoins, par une valeur qui serait « inférieure » ou « supérieure ». L’échange implique la possession alors que l’utilisation n’oblige pas un tel rapport. Ceci est important dans le comportement que cela va induire. Il faut effectivement passer de la conception de consommateur à celui d’usager. Selon le monde auquel on se réfère, selon, par exemple, que l’on se considère avant tout comme consommateur, ou comme citoyen, notre échelle de préférence ne sera pas la même. Les théories libérales ne s’attachent qu’aux choix des consommateurs ; or on sait que le fait de ne prendre en compte que de cette dimension ne conduit pas à évaluer correctement le bien commun. Cela d’autan plus que ces biens présentent des externalités aux individus ; c'est-à-dire des caractéristiques qui transcendent les intérêts particuliers.

De même, tant que l’on regardera la gestion des services publics avec les mêmes critères que les services privés on aboutira à ce constat. Du point de vue financier, un service privé est plus logique qu’un service public. Dans notre discours pour défendre le service public, nous sommes confrontés à une contradiction. Nous disons que le service public est créateur de richesse et nous réclamons pour celui-ci des moyens financiers. Le raisonnement que nous développons laisse entendre que la finance un préalable à la création de richesse ; que le privé prime sur le public. Si nous étions capables de mettre en avant la valeur d’usage crée par les services publics, nous verrions que l’enjeu serait inversé. Il ne serait plus question de financer le service public mais de réclamer au secteur privé la contre partie financière de l’utilisation de cette valeur d’usage. Les impôts ne seraient plus un prélèvement obligatoire mais un dédommagement financier à l’utilisation d’un bien public.

Si nous voulons changer le rapport que les citoyens entretiennent avec le service public ces questions ne peuvent être négligées. Les services publics de santé, de formation, de transport, du logement, de l’emploi, de l’eau, de l’énergie ou de la finance prendront des formes différents tant sur l’aspect de mise en œuvre que sur celui de la gestion ou du contrôle. Il nous faut donc préciser quels seront les contrôles à mettre en place pour chaque type de service public.

La question de l’écologie prend aujourd’hui une importance dans les aspirations des citoyens. Cette aspiration s’appui peut-être sur le sentiment que le bonheur c’est aussi de vivre dans un environnement agréable. Elle s’appui aussi sur la prise de conscience que le processus économique doit s’accompagner d’une responsabilisation sur les conséquences des choix opérées. Cette exigence de responsabilités ne peut se satisfaire de critères financiers qui sont par nature abstraite et particulièrement inadapté à ce type de problème. La décroissance économique est souvent présentée comme une conséquence de la prise en compte de l’écologie. Il faudrait consommer moins et produire moins pour polluer moins. Cette approche quantitative peut conduire à opposer la production à l’environnement. Il serait plutôt souhaitable de montrer que la réponse aux besoins ne se fait pas uniquement par la consommation et que l’on peut produire moins lorsque que l’on produit mieux. Le développement de la valeur d’usage est une bonne piste pour appréhender la question. On aurait une réelle diminution de la consommation tout en augmentant l’utilisation.

Les lois économiques ne sont pas des lois extérieures aux individus. Prétendre comme le font souvent « les experts », étudier l’économie comme une science naturelle n’est pas seulement une erreur méthodologique mais aussi une démarche idéologique de domination. Il faut donc mettre en place des critères qui non seulement remettent en cause le capitalisme mais fassent surgir d’autres formes économiques. Les ébranlements du capitalisme sont des moments privilégiés pour un partage du pouvoir économique et pour un nouveau rapport de forces politiques. C’est à partir de là que toutes les formes de socialisation de l’outil de production ou des services deviennent possibles.

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le 29 October 2012

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