Les congrès du PCF

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36e congrès - Le texte - Il est grand temps de rallumer les étoiles

Les statuts du PCF adoptés au 36e congrès

Discours de clôture par Pierre Laurent

Journal CommunisteS n°507 - Spécial 36e congrès - 13 février 2013

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Redonner une crédibilité à l'idée communiste par Patrick Guédon

L’année 2012 se caractérise, avec ses deux élections, par un fait nouveau, le rejet de la droite mais qui ne signifie pas vraiment celui de la politique qu’elle porte. Bien sûr il a eu dans ces votes l’expression d’une exigence de changement, mais de quelle nature ?

Face à la méthode et aux mesures d’une droite dure, pour lutter contre la crise d’un système qui les écrase, les français ont réagi, exprimé des désaccords, mais où en sont’ ils réellement au niveau des idées ?

Très majoritairement, se sont exprimés : un refus des multiples régressions vécues depuis cinq années, une sanction aux promesses non tenues, un désaveu des mesures d’austérité prônées par la droite, un besoin de pouvoir s’exprimer et être entendu, une révolte.

C’est un refus de payer seuls une crise et une dette que la très grande majorité subit au profit du monde de la finance créateur de cette crise.

Le vote PS semble aussi signifier une forme d’accord à minima (d’ailleurs pas toutes inscrites dans le programme du candidat Hollande) pour des réponses à court terme sur fond de crise, tel que :

  • L’arrêt de la casse des services publics

  • La pérennité de notre système de protection sociale

  • Le besoin de solidarité (en opposition au mythe de la réussite individuelle pour s’en sortir).

  • Le rejet de la précarisation

  • Le refus des diverses stigmatisations (envers les émigrés, les handicapées, les femmes, retraités…)

  • Le ras le bol de la politique sécuritaire, répressive et des fichages en tout genre

  • La mise en place de lois pour empêcher les délocalisations

  • Une Europe plus proche des peuples et moins inféodée aux puissances financières ; Des traités soumis aux peuples et leur avis respecté.

  • Une fiscalité plus juste et taxant les super profits

  • Une autre politique pour le pouvoir d’achat, sur le smic, sur la limitation des hauts revenus

  • La prise en compte du vieillissement et de la dépendance

  • La retraite à 60 ans pour des carrières longues

  • Le maintien d’un grand service public de l’éducation nationale

  • Des mesures pour limiter le chômage des jeunes, leur assurer un avenir.

  • L’arrêt de la casse des acquis qui fondent la société française

En même temps que ces espérances, plus ou moins confusément, les choix des électeurs semblent imprégnés de l’inéluctabilité de la crise actuelle, de la peur de l’avenir, des difficultés qu’il y aurait à maintenir la croissance et le développement avec la baisse des ressources, les modifications climatiques.

La mondialisation apparaît comme une contrainte incontournable porteuse de mise en concurrence et d’alignement par le bas pour les peuples les plus développés comme une contrepartie nécessaire de l’évolution des autres.

Le pouvoir de la finance apparaît comme une force dominante placée au dessus des Etats.

D’ailleurs tout cela est idéologiquement cultivé afin de limiter les demandes des peuples et les soumettre à l’idéologie capitaliste. Nous ressentons à la fois le besoin de se protéger et une grande peur de l’avenir. En phase avec la société de la vitesse (transport, information, internet, profits spéculatifs et rentabilité à court terme), l’objectif sous jacent semble être de se réfugier sur le court terme, l’accessible (voir les raisons du vote PS). Cela obère d’autant toute réflexion sur le long terme et donc sur la construction d’un autre type de société.

Contradictoirement, dans des contextes et sous des formes divers, le sentiment grandit que des rassemblements sont possibles pour faire une autre politique, au minimum influer sur les orientations ou s’opposer à des choix (voir encore le vote PS aux dernières élections). Dans le même temps, certains rêvent d’un nouveau 1981 si ce n’est un nouveau front populaire autour d’une nouvelle grande force de gauche.

Ce n’est donc pas la seule situation de la France qui a fait les élections.

L’ensemble des pays européens est, à des degrés divers, touché en profondeur par la crise d’un système qui détruit les hommes et la planète, amplifie les inégalités, et nous entraîne dans une spirale de régressions.

Mais cela ne se réduit pas au périmètre européen puisque des peuples réagissent partout dans le monde, en Afrique, en Amérique...

Les révoltes vont au-delà de l’indignation. C’est bien plus qu’une résistance qui s’exprime.

Mais bien souvent, ces mouvements se heurtent au manque de débouché politique, de projet alternatif et/ou d’organisation pour se rassembler et agir. D’autant que pèse le poids des échecs (URSS, Chine ?...)

L’idéologie dominante et les échecs des expériences non capitalistes ont permis une sorte de formatage de la pensée limitant ou handicapant la réflexion sur une autre société, construite hors du pouvoir financier et au service du développement des individus. Le capitalisme a repris à son compte les idées progressistes telles l’internationalisme, les échanges entre les pays, la paix, la lutte contre les dictatures…

Les structures politiques n’ont quasiment pas su dépasser ce courant. La très grande majorité des structures existantes a réfléchi la société à partir d’une seule matrice : l’exploitation capitaliste et la mise en concurrence.

Toute entrave à ce processus a été combattue.

Néanmoins, face aux conséquences désastreuses de ces exploitations, la misère qui se développe, la désertification des territoires, les pollutions, le réchauffement, la pénurie d’eau, la faim, les inégalités grandissantes, l’étalement des richesses, le refus d’être écouté, des révoltes naissent. Un rejet d’un système s’exprime sous des formes diversifiées. Consciemment ou pas, le système capitaliste, la financiarisation, la marchandisation de tout, l’exploitation à outrance et le manque de démocratie sont mis en cause par une grande majorité des individus.

En même temps où s’expriment ces désaveux, le sentiment de ne pas être écouté et le besoin d’exprimer son point de vue et de participer rassemblent des forces diverses, de gauche principalement, mais pas seulement.

La dictature de la finance (mondialisée) est montrée comme un obstacle à tout changement et désignée comme la responsable de la situation de crise.

Le premier obstacle à passer est donc de pousser la réflexion sur une société nouvelle hors des schémas de pensée dominants actuels.

Un travail de réflexion et d’élaboration sous forme de processus serait à mettre en œuvre où du moins à approfondir.

Mais tout ce travail semble vain si, en parallèle, une réflexion n’a pas lieu sur les outils, l’organisation à mettre en place pour une transformation profondément démocratique du fonctionnement de nos sociétés, sur la conception du rôle de l’état, du rôle des citoyens, des partis, des communistes. Une réflexion particulière est à mener sur l’adéquation de la société à un fonctionnement réellement démocratique dans l’organisation actuelle des états, dans nos villes, départements, régions. Comment concevoir une réelle démocratie participative ?

Il est bon de se rappeler que les sociétés sont structurées très majoritairement et en particulier en France sur un concept dit démocratique, avec une constitution, et des citoyens qui votent et élisent le président de la république, les députés, les sénateurs, les conseiller s généraux, les conseillers municipaux ; ils délèguent à ceux-ci, qu’ils considèrent plus compétents, l’analyse, le pouvoir de propositions, l’élaboration des lois et les grandes décisions.

Ce concept, conçu sous la forme de délégation de pouvoir et de soumission à ceux qui détiendraient l’intelligence, le savoir est très loin du concept démocratique. Il nie la capacité de réflexion et d’analyse des individus, leur droit d’intervention. Il place les « dirigeants » sous la pression de différents groupes, en particulier, les détenteurs du capital.

Il ne permet pas aux citoyens de se sentir partie prenante des décisions.

Cela appelle à une réforme totale de la démocratie où chaque individu compte pour un.

On ne peut pas faire l’impasse sur le fait que notre organisation sociale est aujourd’hui structurée autour de concept pyramidal constituant un obstacle à la prise de conscience du pouvoir de chacun.

C’est donc le deuxième obstacle à passer.

Les partis politiques sont de même essence et sont nés hier dans une société bien différente de celle d’aujourd’hui. Ils sont chargés de porter les différentes options politiques et font élire leurs représentants dans les différentes assemblées. Il faut choisir son camp, son programme et celui pour le porter.

Est-ce que ces outils d’hier sont encore adaptés à la situation d’aujourd’hui ?

La réponse semble en partie donnée par les citoyens eux-mêmes qui, à chaque fois qu’ils ont été consultés, disent leur défiance envers les différents partis politiques de droite comme de gauche. La question n’est-elle pas posée soit de faire évoluer ces partis politiques et leur donner un rôle nouveau, soit accepter de les voir disparaître à cours terme (voir ce qui s’est passé dans certains pays européens), avec les signes annonciateurs telle la chute vertigineuse des effectifs loin d’être compensée par les nouvelles adhésions.

Quoi faire aujourd’hui : laisser faire et disparaître relativement rapidement ou agir ?

Quel est le contexte : le PS est au pouvoir (et détient tous les pouvoirs) ; le PCF est marginalisé et sans grand pouvoir ; les partis gauchistes sont en voie de disparition. Le PCF dit vouloir aider à faire réussir la gauche pour de réels changements. En même temps, nous sommes engagés dans la préparation du congrès de février 2013, puis les municipales de 2014 (et cantonales, régionales, européennes, sénatoriales). 

Pour ce qui concerne le Parti communiste français, une question préalable se pose : le communisme reste t-il pertinent et a t’on encore besoin d’un parti communiste en France, et si oui avec quelles évolutions ?

  • Quelle attitude adopter dans nos directions, vis-à-vis des communistes ?

  • Comment préparer efficacement ce congrès 2013 ?

  • Quelle analyse et bilan de la stratégie Front de Gauche ?

  • Quel positionnement face aux structurations envisagées du Front de Gauche (type association ou autre) et sur la place du PCF dans ce contexte

  • Quelle position vis-à-vis de ceux qui, hors PCF, ont participé au Front de Gauche ?

  • Quelle position avec le PS ? (à l’assemblée nationale, mairies, régions…)

Doit-on travailler, avec d’autres organisations et les citoyens, à la réflexion sur la construction d’une autre société et sur une autre façon de faire de la politique ?

L’un de nos dirigeants lors du dernier CN de septembre, nous a dit que le capitalisme c’est fini, et qu’un boulevard s’offrirait à nous pour construire une société de l’Humain d’abord. Est ce un rêve éveillé ? D’ailleurs qui d’autre y croit vraiment ?

On voit bien là qu’une analyse plus fine de la société et de l’état du monde est indispensable, à tous les niveaux si nous voulons faire de ce parti le moteur de la transformation de cette société.

De même, nous ne pourrons pas véritablement nous projeter et nous organiser si on continue la méthode Coué : voir encore ce qui a été dit « notre stratégie de rassemblement, le front de gauche, notre parti, le parti communiste, ont enregistré au plan des résultats électoraux et des effectifs des avancées considérables » !!!

Le front de gauche est une stratégie de direction que les organisations du parti ont appliquée. Mais sans revenir sur le débat qu’elle a engendré, force est de constater que c’est un échec cuisant (voir la baisse du nombre d’élus) sauf à croire que les élus ne servent à rien, qu’un parti sans élu est plus efficace tant que la constitution sera ce qu’elle est. D’autres partis ont cette pratique et ils n’ont pas prouvé à ce jour qu’ils étaient utiles pour changer la vie de ceux qui souffrent du capitalisme.

Face à ces stratégies électorales qui mènent inexorablement à l’impasse et mettent en piste le Front national pour 2017, la plupart des communistes sont désorientés. Ils voient bien que la mayonnaise du Front de Gauche ne prend pas vraiment même si elle semble répondre en partie à ce besoin légitime de rassembler la gauche; ils voient bien qu’on leur refait le coup des forums, des collectifs antilibéraux, etc, avec les résultats que l’on a connus. ils sont orphelin d’un projet politique, d’un idéal communiste. Bien sûr, face à la crise profonde et à un certain rejet du capitalisme, des anciens, des syndicalistes, des gens engagés dans des mouvements divers, des jeunes en révolte ont voulu croire à ce rassemblement qu’on leur a présenté d’essence révolutionnaire, construit sur un anti PS cultivé de longue date. Construire une force qui supplante le PS à gauche, quelle belle ambition pour eux qui n’ont vécu depuis de nombreuses années que des régressions et la reprise par les ultralibéraux de tout ce qu’ils avaient arraché de haute lutte. On a bien sûr vu des jeunes révoltés par ce système, ces régressions et cette inquiétude forte quant à leur avenir, rejoindre ce mouvement qui leur faisait croire à un espoir de changement réel. Nous devons mesurer que nous avons sous-estimé le travail idéologique de la droite au service du Capital qui a pendant des décennies travaillé les consciences d’autant que face au capitalisme, il n’y avait pratiquement plus rien. Le travail idéologique a eu lieu à droite, et avec succès, mais qu’en est-il à gauche si on excepte chez les sociaux démocrates une pensée dorénavant majoritairement acquise au capitalisme. L’échec des modèles semble avoir tétanisé la réflexion des communistes en lien avec les mouvements divers de la société.

Dans tous ces débats qui ont eu lieu néanmoins, des idées ont été brassées, un programme construit, mais aujourd’hui chacun reste sur sa faim. Car l’Humain d’abord, au delà du slogan, cela veut dire quoi ? Les sociaux démocrates ont eux aussi développé un programme qui s’attaque au mur de l’argent. Mais ils ne remettent pas en cause le système capitaliste, la société de marché, la concurrence entre les peuples.

La question reste donc posée aux communistes : quelle société voulons-nous pour demain, est-ce que nous pouvons construire une société de solidarité ou le commun ne s’oppose pas à l’épanouissement de chacun ? La mondialisation est-elle un obstacle ? Prenons-nous enfin en compte la question environnementale. Quelle idée du développement portons-nous ? Quels rassemblements sont possibles ?

Ces réflexions sont d’autant plus nécessaires que des révoltent naissent et pour certaines avortent car sans débouché ou sans outils pour les porter. C’est d’autant plus nécessaire que la crise actuelle est simultanée avec une augmentation des inégalités, un chômage massif et grandissant, une baisse du pouvoir d’achat pour le plus grand nombre, une casse des outils de production, une délocalisation massive. Cette crise est vécue comme celle du capitalisme financier et mondialisé avec les dégâts considérables provoqués sur l’emploi. Elle peut constituer un détonateur pour les peuples qui vivent depuis des décennies sous la coupe d’un système aliénant, exploitant toujours plus les salariés.

C’est la transformation de l’ensemble de la société qui doit venir dans le débat. Une société où le travail valorisé et respecté serait accessible à tous, où la satisfaction des besoins des hommes et l’efficacité sociale serait l’objectif, où la spéculation financière serait abolie, où le développement des êtres humains se ferait dans le respect de notre environnement. Un parti révolutionnaire ne doit-il pas être le moteur de cette réflexion, permettre de se donner un objectif et formuler des étapes.

De beaux et bons débats à mener jusqu’au congrès, en première phase et qui devraient continuer, en se faisant avec le peuple, pour redonner une crédibilité à l’idée communiste.

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le 17 October 2012

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